Le FLNC a revendiqué cet après-midi l'attentat qui a détruit la mairie de Bordeaux dans la nuit de samedi. Une charge de forte puissance a en effet explosé dans l'hôtel de ville girondin, dont le Premier ministre Alain Juppé est le maire. Vers minuit, quelques heures après le départ du chef du gouvernement, une violente déflagration a été entendue. Les vitres des immeubles alentours ont été soufflées. Les dégâts à l'intérieur du bâtiment sont importants : fenêtres pulvérisées, bureaux renversés, plafonds et murs endommagés.
Une enquête a aussitôt été ouverte, pour "destruction d'un édifice public par l'effet d'une substance explosive" et confiée à la brigade anti-terroriste. Cet acte, que la police avait vite attribué au FLNC-Canal historique, a été revendiqué par le groupe nationaliste corse dans un communiqué publié à Ajaccio. La méthode, le lieu, le type d'explosif ressemblaient en effet aux procédés ordinairement utilisés par les nationalistes corses. Il y a quelques jours, c'était le palais de justice d'Aix-en-Provence qui avait été visé. "Je ne suis pas un homme à me laisser intimider", a déclaré Alain Juppé, qui s'est aussi déclaré "indigné et profondément ému". Les réactions de soutien au Premier ministre ont fusé de toute la classe politique. Jacques Chaban-Delmas, l'ancien maire de Bordeaux, a relevé "la portée symbolique" de cet attentat. Lionel Jospin a tenu à assurer Alain Juppé de sa "sympathie et de sa solidarité". La cohésion des politiques pour condamner le terrorisme, a réjoui le Premier ministre, satisfait de constater que "les républicains se serrent les coudes" devant ce fléau.
Ce matin, le ministre de la Justice et de l'Intérieur ont rencontré le Premier ministre. Le contenu de leur entretien n'a pas filtré, mais une surveillance accrue des "sites sensibles", à Paris et dans les autres grandes villes de France, a été décidée.